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1 septembre 2019

L’agrile du frêne

L’agrile (Agrilus planipennis) fait partie de l’ordre des coléoptères, plus précisément de la famille des buprestidés. Cet insecte de couleur vert émeraude brillant est originaire de l’Asie du sud et serait arrivé au pays dans des emballages/palettes de bois lors de l’importation de marchandises en provenance de l’Asie au début des années 1990.

Lorsque ces insectes sont bien établis dans un secteur, ils peuvent ravager jusqu’à 99% des frênes sur le territoire sur une période de 8 à 10 ans. Ce sont les mâles qui propagent l’espèce d’un endroit à l’autre puisqu’ils peuvent voler. De plus, tous les produits infestés par l’agrile voyageant par transport permettent également la propagation de l’agrile sur un plus grand territoire ainsi que vers de nouveaux territoires encore intacts. En Ontario et dans quelques états américains, ces insectes ont provoqué la mort de plusieurs dizaines de millions d’arbres.

Signes et Symptôme de présence de l’Agrile

Durant les 2 à 3 premières années de l’infestation, il est souvent difficile de déceler la présence de l’agrile sur le frêne, car il se développe normalement en hauteur et proche de la cime de l’arbre. Si l'arbre subit des dommages physiques causés par un insecte, c'est ce que nous considérons comme un signe d'infestation. Nous considérons qu’un signe d’infestation s’identifie lorsque l’arbre a subi un dommage physique dû à un insecte.

Les signes d’infestations qui sont spécifiques du frêne sont les suivants :

  • Les femelles pondent leurs œufs sous l’écorce de l’arbre, engendrant des larves qui causeront des dommages irréversibles au frêne à long terme. Quand les larves se nourrissent, elles forment des galeries en « S » derrière elles. C’est une des principales caractéristiques de l’infestation empêchant la circulation de la sève et la circulation de l’eau provoquant avec le temps, la mort de l’arbre.
  • Il y a présence sur l’écorce ou sur le tronc, de petit trou en forme de « D ». Les larves devenues adultes sortent par ces trous.
  • Les signes suivants peuvent être également associés à des insectes ou à des maladies et ne sont donc pas associés seulement à l’agrile du frêne :
    - La cime de l’arbre subit un dépérissement.
    - Il peut y avoir une surproduction inhabituelle de fruits, dans le cas des frênes, il est question de samares.
    - Il est possible de voir sur les troncs ou à des endroits inhabituels, de jeunes pousses adventives croissant rapidement.
    - L’écorce de l’arbre peut également fendre verticalement, tombant sur le sol et exposant ainsi les galeries qui ont été creusées par les larves. Lorsque l’écorce se soulève facilement de l’arbre, c’est un signe que l’infestation est à un stade plus avancé.
    - Les feuilles du frêne sont attaquées par les insectes adultes qui s’en nourrissent. Il y aura une présence d’encoches sur les feuilles de l’arbre infesté.
    - Dans une forêt, la seule présence d’un frêne mort peut donner un indice sur la possibilité d’infestation des autres frênes encore présents sur le territoire.
    - Les pic-bois et les écureuils sont aperçus plus fréquemment sur les arbres infestés par l’agrile du frêne, les pics faisant des trous dans l’arbre et les écureuils retirant l’écorce des arbres.

C’est pour ces raisons qu’il est fortement recommandé de faire appel à un spécialiste tel qu’un arboriculteur pour vous aider à identifier cette maladie.

Nos forêts sont affectées ainsi que la faune y habitant

Au Canada, ces insectes ont tué des centaines de milliers de frênes, modifiant ainsi nos forêts. Puisqu’il y a réduction d’arbres dans nos forêts, il y a un risque plus élevé d’érosion du sol vers les cours d’eau dû à la perte de racines. Il faut également constater que nos forêts se trouvent à découvert à certains endroits où les frênes y étaient plus abondants. Ces dépeuplements dans le couvert de notre forêt favorisent une augmentation de la température de l’eau des rivières dû à une plus grande exposition solaire. Cette température plus élevée a un impact direct sur les écosystèmes marins. La biodiversité des herbivores se nourrissant de ces arbres sont également menacés. Les espèces envahissantes profitent de cette perte d’arbres sur le territoire pour se développer et prendre davantage de terrain.

Comment pouvons-nous sauver les frênes qui sont infestés?

Au Canada, il n’existe aucun prédateur naturel pouvant diminuer la population de cet insecte sur le territoire. Les frênes n’ont aucune chance de survivre à l’attaque de l’agrile, sauf s’ils sont traités à temps. L’arbre ne doit pas être infesté à plus de 30%, ce qui permet l’efficacité du bioinsecticide. Le traitement utilisé est un antiparasitaire homologué tel que le TreeAzin MD , qui est une alternative aux pesticides chimiques. C’est un traitement naturel et qui est totalement sécuritaire pour les animaux et les humains. Il a été reconnu comme ayant un risque très faible pour l’environnement. C’est à la base de l’arbre que le TreeAzin MD est injecté. On peut le comparer à un « vaccin ». Suite au traitement, l’arbre est protégé contre l’agrile jusqu’à deux ans. Son coût varie en fonction de la grosseur de l’arbre. Le traitement s’effectue entre juin et août.

Répercussion économique

Le bois de frêne étant un bois solide et résilient, il entre dans la composition de meubles, de planchers de bois franc, de manches à outil, de bâtons de toutes sortes et dans la fabrication de guitares électriques. Ces quelques exemples nous démontrent que le frêne est une ressource que nous utilisons dans notre quotidien. Il y a des millions de ces arbres qui sont morts au États-Unis et au Canada et plusieurs milliards d’autres frênes sont actuellement vulnérables à ce parasite. Nos industries utilisant cette ressource pourront donc être touchées par cette perte végétale. Les villes doivent également allouer un budget pour résoudre ce problème. Cela représente des coûts importants.

Recherche pour lutter contre ce fléau

Plusieurs recherches ont été effectuées sur le sujet dans le but de trouver un moyen de sauver nos arbres de cet insecte ravageur. Des scientifiques canadiens auraient trouvé un prédateur naturel pour permettre de diminuer la population de l’insecte sur le territoire. Les guêpes asiatiques (Tetrastichus planipennisi) sont possiblement la solution au problème. Les scientifiques installent de petites bûchettes comprenant une multitude de petites guêpes femelles à l’intérieur et les déposent sur les frênes qui sont attaqués par l’agrile. Les guêpes femelles insèrent leurs œufs à l’intérieur de l’écorce de l’arbre, directement dans les larves de l’agrile. Les jeunes guêpes se nourrissent de ces larves et les dévorent de l’intérieur. Les jeunes guêpes permettent donc de diminuer la propagation de l’agrile de façon naturelle, car dans leur pays d’origine, l’agrile n’est aucunement problématique. Il est important de mentionner que ces guêpes asiatiques ne piquent pas les animaux, ni les humains et que s’il n’y a plus de l’agrile du frêne, elles meurent. Leur alimentation est très spécifique. Cette technique existe depuis 2013, mais ce n’est que dans plusieurs années qu’il sera possible de mesurer l’impact de cette technique sur l’agrile du frêne et ainsi diminuer la prolifération de l’insecte à long terme.

Les champignons pourraient aussi être un bon moyen de freiner la propagation de l’agrile du frêne. C’est un projet expérimental qui sera testé sur une période de quatre à cinq ans. Des tubes de couleur vert seront installés dans les arbres. Cette couleur attire l’agrile du frêne. Les insectes iront donc se poser sur le tube entraînant leur contamination à 100%. Les insectes qui tomberont dans le fond du tuyau seront en contact avec le champignon Beauveria bassiana, ayant des toxines fatales pour l’agrile. Les spécialistes mentionnent également que les insectes seront contaminés à 100% lorsqu’ils toucheront n’importe quelle partie du tube. L’insecte mourra dans les cinq jours suivant son exposition au champignon. Ces tubes seront mis en place au début juin, car c’est la période d’accouplement de l’insecte. L’agrile du frêne mâle adulte contaminé ira donc contaminer les femelles ce qui entraînera également la contamination des œufs.

Sources
https://www.rncan.gc.ca/nos-ressources-naturelles/forets-foresterie/feux-de-vegetation-insectes-pert/principaux-insectes-maladies-des/agrile-du-frene/13378
https://www.longueuil.quebec/fr/frene
https://arbrescanada.ca/blogue/lagrile-du-frene-un-insecte-a-limpact-devastateur/
https://traitementagriledufrene.ca/agrile-du-frene/
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1097074/agrile-frene-gdg-environnement-trois-rivieres-projet-pilote-agent-biologique



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